dimanche 16 juin 2013

PastoraLoup J+5
























Imaginez la France vue du ciel. Le champ se resserre et s'oriente vers le sud-est des Alpes. La descente continue et l'on voit apparaître, non loin de la frontière Italienne, les sommets de la haute Provence. La Tête de l'Estrop, la Tête de Chabrières, puis bientôt celle du Bau. On atterri enfin dans une prairie à proximité du hameau de Mariau, à 1400 mètres d'altitude. Pour seules traces de civilisation, une route rudimentaire et quelques pylônes en bois. Qui d'ailleurs se font tout petits au milieu de ces étendues d'herbe et de roche que traversent de temps en temps les nuages, jaunes de pollen, des pins sylves­tre environnants.

(en vrai, on est venu en voiture...)

Nous avons monté un "village de tentes", pas de confusion, il s'agit bien de camping sauvage. Non pas qu'il ne soit pas autorisé, car il l'était sans doute... mais plutôt que nous préférions l’endurance de nos mollets et cuisses au confort et à l'ingéniosité douteuse des toilettes modernes. Quoiqu'on avait pas vraiment le choix en réalité... Mais n'approfondissons pas le sujet. L'audace et l'inconvenance des mouches lorsque la marmotte sort du terrier ne nous intéresse pas.
Nous étions là pour les loups et pour les brebis. Surtout pour les brebis, les loups se débrouillent très bien apparemment... n'en déplaise aux bergers, aux éleveurs aux patous et aux brebis elles-mêmes.

La problématique du retour du Loup en France est alambiquée. Je ne la dépeindrai pas ici, car je considère, malgré mes lectures, nos débats et les multiples interventions de spécialistes auxquelles nous avons eu droit, que je n'en sais pas suffisamment. Je ne dénombrerai pas non plus les points positifs et négatifs de la présence des troupeaux et des meutes en alpage, car comme la si bien dit un éleveur-berger : « quant on aime, on ne compte pas ! ».
Nous sommes là pour cinq jours. Bénévoles ou écovolontaires, nous venons tous d'horizons différents. Nous avions parmi nous un ex-banquier belge fort courtois, un rugbyman ouvrier survivaliste, un ex-industriel globe-trotteur, une décoratrice d'intérieur, un ex-vétérinaire pyrénéen, un future ex-agent de l'ONCFS, une élue monégasque, une cuisinière ex-prof de math picarde et officieusement guide du coin, et deux personnes chargées du programme PastoraLoup.
Une équipe très intéressante et riche en témoignage... de toute sorte !

Nous sommes là essentiellement pour apporter un soutien, à la mesure de nos moyens, au milieu pastoral. Et pendant que les technocrates décident d'un tas de directives très importantes (qui nous dépassent complètement !) allant du répulsif de loup dernier cri à la façon dont le berger doit couper sa rondelle de saucisson, nous apprenons les rudiments du métier de berger. Comment déployer ou ranger un filet de parcage des brebis, lire une carte IGN, s'adresser poliment à des patous (adorables et très gros chiens blancs sur lesquels tu ne lèves pas la main de peur qu'ils la prennent pour une offrande). Mais aussi quels sont les conditions de travail de ces éleveurs-bergers, les conditions de vies de ces loups revenus depuis quelques années, les limites du champ lexical d'un cadavre d'ongulé sauvage ou grégaire... etc.

Suite à ce stage nous serons tous envoyés dans divers alpages afin d'y apporter notre aide, désormais plus avisée. Des chantiers en altitude qui ont besoin de bras, à la surveillance nocturne ou diurne des troupeaux, les chants des patous et des brebis (ces dernières ont l'avantage de les produire par les deux bouts) ne manquent pas !
La faune sauvage locale est timide mais se laisse admirer de temps en temps, à l’exception de certains de la famille des Canis lupus lupus !

A suivre...

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